Aujourd'hui on passe aux choses sérieuses: Ascension du Mont-Blanc par la voie Goûter. C'est la voie classique et l'itinéraire le plus fréquenté.
Arrivés à Saint-Gervais (580m), Il n'a pas foule à attendre le Train du Mont-Blanc. Celui-ci apparaît peu après, nous nous installons rapidement à l'intérieur. Le TMB démarre tranquillement, à chaque station les grimpeurs s'additionnent. Le trajet dure environ une heure, le TMB parcourt 12 km avec des pentes proches de 25% par endroit.
Le train termine sa course au Nid d'aigle à 2.372m ; Finalement, il y a du monde à descendre, chaudement habillé. Un personnel est là pour vérifier les réservations des refuges ou pour s'assurer que les alpinistes aient l'équipement nécessaire pour dormir en bivouac. Après une petite préparation, les groupes partent, avec ou sans guide, les uns après les autres, ne formant en sorte qu'une seule colonne. Il sera difficile de se perdre même si la visibilité n'est pas bonne.
Le sentier, balisé en rouge, évolue dans un environnement rocheux. Nous marquons notre ascension de quelques courtes pauses pour s'alimenter et boire. Vers midi, nous atteignons un plateau où se perche, au dessus du glacier de Bionnassay, le refuge de Tête Rousse, à l'intérieur duquel nous déjeunerons. Nous sommes passés au dessus des nuages.
Les crampons sont nécessaires pour continuer la progression. Au dehors du refuge nous suivons des yeux les cordées grimpant sur la neige. Je n'arrive pas à voir la suite du parcours. C'est alors qu'en levant les yeux en face de nous, je retrouve les cordées escaladant l'arrête du Goûter. Elle est vraiment abrupte et très impressionnante au pied. Le refuge du Goûter est juché au sommet. Nous débutons l'escalade, encordés. Le casque est impératif. Nous dépassons les bivouaqueurs. Ils se lèveront plus tôt demain partant de plus loin, en revanche ils n'auront pas tout leur équipement à porter durant l'ascension de l'aiguille du Goûter. Puis c'est la traversé du tristement célèbre grand couloir, l'endroit le plus meurtrier des Alpes avec des risques de chutes de pierre importants. Un câble est tendu entre les rives pour faciliter la traversé. Malheureusement il est très peu pratique en cette saison, vue la hauteur où il est placé.
Il y a 500 mètres à grimper, on se sert presque autant des mains que des pieds. J'ai quelques problèmes avec mes crampons qui ripent sous la chaussure dans ce mélange roche/neige. L'encordement est peu pratique. Les guides assurent leurs clients par professionnalisme. Par précaution nous avons fait de même. Il s'avère qu'il vaudrait mieux ne pas s'encorder dans ce passage. Au fur et à mesure de notre avancée la pente devient de plus en plus raide. La dernière partie est équipée de chaînes. On s'approche du refuge mais la progression ralentie. En m'aidant des cordes d'acier, je me coupe légèrement le doigt à quelques mètres du refuge. On suit à la trace le sang tombé sur la neige.
Nous nous enregistrons au refuge. Finalement il y a de la place dans le dortoir. Une chance nous dormirons dans un lit. Nous mangerons au premier service à 18h30. Une petite bière pour reprendre quelques forces. On gagne les dortoirs pour s'installer. Le repas est servi. Je suis installée contre la fenêtre avec vue sur l'aiguille de Bionnassay. Nous regagnons les dortoirs, les tributaires du second repas nous pousse vers la sortie. Il fait encore jour et nous nous alitons; le sommeil arrive un peu plus tard quand le second service rejoint leur lit. Nous dormirons à 3817m dans une pièce haute en plafond très appréciable pour la respiration.